SENS DE LA VIE ET LIBERTÉ
Ma petite fille naturelle était très présente tout au long de ce voyage !
Mon voyage en Guyane
J’ai une attente professionnelle : Découvrir comment fonctionne le nouveau programme et la nouvelle formule du stage de l’enfant intérieur.
Au niveau personnel, je n’ai aucune attente ! Je ne sais pas où j’arrive !
On me parle de balade en forêts, de deux jours sur les Iles du Salut, de balade en pirogue sur la rivière… Je saisis une opportunité de visiter cette région ! Je choisis de me rendre en Guyane pour y retrouver mon amie Fabienne et sa famille !
La Guyane, l’enfer vert !
La Guyane traîne toujours sa réputation d’être un enfer vert où étaient expédiés les bagnards. On résume la Guyane à la forêt, aux moustiques, aux serpents, et au bagne ! En réalité, il y en a eu plusieurs lieux de bagne en Guyane ! 70 000 bagnards hommes ont été expédiées aux îles du Salut entre 1795 et 1953 ! 1953, c’était hier !
J’ai découvert en venant ici qu’il y avait un bagne pour les femmes ! Vous pouvez être déportés ici pour vagabondage, avortement, contestation politique ! Ou pour les raisons plus graves comme meurtres … Tous ont peur, ils ne savent pas combien de temps ils partent, s’ils reverront la métropole. Ils ignorent où ils vont arriver !
Les Iles du Salut
Les Iles du Salut sont composées de 3 îles :
- Royale où se trouve l’administration, où l’on peut séjourner aujourd’hui
- St Joseph, où étaient enfermés les « têtes fortes », l’île est gérée par les militaires aujourd’hui
- l’île du diable, où étaient enfermés les détenus politiques (dont Dreyfus), inaccessible aujourd’hui.
Ma sensation de liberté
Je me réjouis de ces deux jours aux Iles du Salut !
J’ai choisi d’y aller en catamaran parce que j’aime le bateau à voile ! Pas de bruit sauf celui du vent, pas d’odeur de gasoil ! J’ai envie de me baigner dans les lagons transparents et je suis intriguée par le bagne ! Nous partons en expédition, avec la nourriture et l’eau pour 2 jours. Nous logeons dans les authentiques maisons des gardiens.
Je découvre un paradis; une très belle végétation, un calme absolu, des animaux en liberté. Quand les bateaux sont partis, nous avons eu le sentiment d’être seuls sur l’île Royale !
Et là, je déconnecte totalement !
Le bruit des vagues qui s’écrasent sur les rochers, le vent chaud, les fleurs !
Ma petite fille intérieure découvre, monte dans les arbres, saute de rochers en rochers, regarde la mer, s’amuse devant les singes, les perroquets, les paons, les agoutis (ceux là, j’aurais préféré éviter, mes pieds s’en souviennent encore !!), la dizaine de chats ! Les animaux sont en liberté. Je me souviens de la lumière du phare se refléter sur les bâtiments. Un moment hors du temps.
La liberté, c’est terminé !
Les bagnards débarquent après une longue traversée, ils découvrent une île où il n’y a aucune végétation. Ils découvrent qu’ils sont là pour travailler. Ils sont répartis en fonction de leur spécialisation ! hôpital, construction de bâtiments, boucherie, …
Les conditions de vie sont terribles !
Les pénitents logent par centaines dans 2 bâtiments, mal-nourris. Les conditions sanitaires sont déplorables, les règlements de compte fréquents entre bagnards, les maladies diverses les déciment. Ceux qui se sont mal comportés sont enfermés dans le noir dans 2 m² dans le quartier des condamnés. (un regard porté sur une soeur et hop quartier des condamnés ! )
L’espérance de vie est courte. Sur Royale, un bagnard vit entre 3 et 5 ans sur les îles, moins d’un an lorsque l’on est enfermé sur l’île St Joseph. Certains demandent à être lobotomisés tellement leur quotidien est infernal. Ils entendent que leur vie n’a aucune valeur !
Je me sens libre ! Mon coeur est rempli de joie !
Je ressens une immense gratitude pour ces bagnards qui ont laissé leur vie içi ! leur travail et remarquable ! J’ai eu honte aussi ! Honte que l’on puisse traiter des humains comme des animaux.
Mon âme a été touchée et je suis encore émue en tapant ces mots !
Ils ont construits l’hôpital, la chapelle, la maison des soeurs, le presbytère, les quartiers des gardiens, des directeurs, du commandant, les voies d’accès, les escaliers extérieurs, planté tous les cocotiers !
Aucun barbelé, on ne s’échappe pas des îles ! Le courant est trop fort. A l’époque, il y avait des requins ! Puis pour ceux qui atteignaient le continent, ce sont les moustiques ou autres bêtes qui avaient raison d’eux !
Célèbres bagnards
Le célèbre papillon s’est échappé plusieurs fois. Seznec et Dreyfus ont vécu içi ! Dreyfus était seul sur l’île du diable avec quelques gardiens, qui avaient ordre de ne pas lui parler. il y a vécu 3 ans enfermé dans une maison sans pouvoir voir la mer ! Un mur avait été construit tout autour de la maison !
Certains en sont sortis vivants. Leurs témoignages ont permis aux métropolitains de découvrir l’horreur que les bagnards ont vécu dans ces camps ! Cela a choqué la population et les bagnes ont été fermés progressivement !
Les Iles du Salut appartiennent aujourd’hui au CNES (centre national d’études spaciales). Ils entretiennent la mémoire de ce lieu. Pour raison de sécurité, les îles sont évacuées lorsqu’une fusée est tirée.
Cette partie de notre histoire est tue ! Aucun programme scolaire ne parle des conditions de vie aux bagnes, ni pourquoi on y était envoyé !